Archives mensuelles : mars 2014

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Ce film met en scène côte à côte, l’image et son reflet d’une installation/performance de Miles McKane. Au lieu de faire un document sur l’événement, le film tente de restituer les dimensions spatiales de la pièce originale. Le mouvement des participants, et les panoramiques reproduisent métaphoriquement l’élément de base de l’installation, à savoir les cônes blancs.

This film places side by side the mirrored image of an installation/performance, by the artist M. McKane. Rather than documenting the piece, the film tries to restitute the spatial dimensions which occurred in the original piece. The participants movements and the panoramic, metaphorically reproduce the base element of the installation, namely the white cone.

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Divers-épars

Fr, En, Pt

Ce film est une suite de séquences tournées ou trouvées (de – autour des – villes que je fréquente) et qui dans leur montage exposent une fluidité et une continuité qui échappent à la narration. Le montage proposé travaille les séquences selon divers agencements qui respectent le sens possible du film : passage d’un lieu à l’autre, d’un moment à l’autre. Passer, aller d’un po(i)nt à un autre, c’est se transformer, devenir autre. Le film fait appel à des quasi-leitmotive qui relancent le flux et facilitent les transformations diverses de l’épars des sensations. Ce film renoue avec le lyrisme sans pour autant renier le formalisme mais l’utilise autrement, en tenant compte du sens, des sens possibles que produisent les images et leurs enchaînements.

« Musique liquide des passages / sous tous les angles éparpillés / bateau – fontaine – marbre mouillé par une vague perpétuelle et parfois bleue – rives de pierre – pont – temps noirs – poème des glissements au travers des villes. Alban Berg. Silhouette fugace à la fenêtre – ouverte – contre-jour et fer forgé – circulation – leitmotiv – incandescence des tubulures – enchaînement fluide et précis des sensations – diverses / éparses – superbes d’intensité. » Loux.

Son : extrait de Lulu Suite, d’Alban Berg

Œuvre appartenant à une collection privée, aux Archives du film expérimental (Avignon), au Musée National d’Art Moderne (Centre Georges Pompidou) et au Forum des Images (Vidéothèque de Paris).

Divers Epars London

« Glimpse of cities, countryside, rivers. Intriguing, fleeting images of Florence, London and particularly Paris -clearly the filmmaker’s home, so intense is his vision of it, so strong his attraction to its lifeblood, the Seine. The eerie colors of the bateau-mouche floodlights blend with a purely filmic chromatic intensity. The textures, the meticulous montage, the alluring colors, create something of the same celebration of place through provocative artifice found in Christo’s wrapped Pont Neuf (which is fleetingly seen in the film).
Bringing some of Amoroso ’s Roman passion home to the city which inspired the imposing formality of his earlier films, Beauvais begins to merge the two poles of his works. The synthesis is exciting.  » Scott Hammen.

This film is a series of shot or found sequences (about, of cities that I frequent) which, in the editing, display a fluidity and continuity eluding narration. The sequences are shaped by the editing according to various arrangements which respect the film possible direction: passage from one place to another, from one moment to another.
To pass, bridging one point to another, is to transform oneself, become other. The film employs certain leitmotivs which relauch the flow and facilitate diverse transformations of scattered sensations. This film, although renewing lyricism, does not deny formalism which it uses in another manner, while taking into account the meaning/possible meanings produced through linking images and their evocative passage.

Sound : extract from Lulu Suite, by Alban Berg

Film belonging to a private collection, to the Archives du film expérimental (Avignon), to the Musée National d’Art Moderne (Centre Georges Pompidou) and to the Forum des Images (Vidéothèque de Paris)

Este filme é uma serie de seqüências realizadas ou encontradas (sobre as cidades que eu frequento) que, na edição, apresenta uma fluidez e continuidade iludindo a narração. As seqüências são moldadas pela edição de acordo com vários arranjos que respeitem a direção de um cinema possível: a passagem de um lugar para outro, de um momento para outro. Passar, unindo um ponto a outro, é transformar-se, tornar-se outro.

Som extrato de Lulu Suite, Alban Berg.

Amoroso

Amoroso reprend la question du souvenir concomitante au journal filmé. Souvenir de Rome, souvenir de Tivoli mais aussi souvenir du Tivoli de Kenneth Anger, cette séquence pourrait être un hommage ou un pied-de-nez.

« Les gros poids de l’amorce et puis de l’eau, du feu qui jaillissent en gerbes – geysers rougeoyants – des monuments qui basculent – syncopes – tourbillon d’images – carrousel de sensations – éclats teintés de mémoire, intacts et précipités – Rome / Tivoli. » Loux.

villa dora pamfili

« Une analyse plus détaillée de ce premier film va nous permettre de mettre à jour certains des procédés de transformation des images opérés, notamment dans leur passage de la figurabilité à la picturalité, de la fixité à l’impression de mouvement – si tant est que l’on puisse identifier des constantes dans une démarche qui consiste justement à déconstruire tout systématisme.
Le titre (comme souvent à double voire multiple sens) apparaît à l’envers sur l’écran. De cette erreur de montage entre négatif et positif, intégrée comme composante constitutive, le film se révèle envers du vécu, réalité inversée. Cette importance accordée au dédoublement images/réalité, aux effets de miroir et d’inversion, ponctue chacun de ses films et trouve ses derniers développements dans les actuelles expérimentations de dispositifs à multiples écrans.
Le nombre limité de bobines dont yann beauvais disposait pour ce film, certaines en n/b, d’autres en couleur, a vraisemblablement déterminé sa structure presque sans montage, dans laquelle les plans filmés (tous en lumière du jour) et filmés successivement (l’enregistrement doublant le travail de mémoire), s’engendrent les uns les autres. Le film débute en sépia – une couleur dominante des pierres et des représentations de la Rome antique et baroque – obtenue par tirage sur pellicule couleur d’un négatif n/b. En hommage à Eaux d’artifice (1953) de Kenneth Anger, tourné dans les jardins de la Villa d’Este à Tivoli, ces premiers plans sont des variations autour de l’eau jaillissante des fontaines, de la pierre et des végétaux, entre lesquelles s’intercalent l’image fugitive d’un visage. Le parcours dans la ville se poursuit en couleur à travers un foisonnement de plans, qu’il serait vain de tenter de tous les identifier tant ils sont là pour étourdir nos sens.

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Si, dans certains cas, l’impression de mouvement est due à de véritables mouvements de caméra sur des façades renaissantes et baroques, sur les Anges du Bernin du Pont Saint-Ange ou les espaces dénudés du forum romain par exemple, la plupart du temps ce sont les variations de rythme dans l’enchaînement des séquences qui créent des effets d’accelération ou au contraire de ralentissement dans le défilement des images. D’autant plus qu’au débit habituel des 24 images/seconde du film – rythme tout à la fois générateur de la fluidité de mouvement apparent des images mais aussi métaphore de la mécanique d’un temps « objectif » qui ne cesse de couler, répétitif sans tout à fait être le même – yann beauvais a préféré un défilement de 18 images/seconde donnant une impression de mouvement plus saccadé. Un effet de discontinuité dans le défilement des images renforcé par des apparitions/disparitions instantanées de plans évoquant les flickers de Paul Sharits.
Loin des images clichées de la Rome touristique, Amoroso est une déambulation libre et personnelle, réalisée à l’occasion d’un séjour prolongé dans une ville que yann beauvais connaît depuis son enfance. Ce film, impressionné autant par l’espace que le temps, évoque la magie du cinéma muet du début du siècle (auquel rendent hommage certains plans resserrés en forme d’iris), quand les images ne renvoyaient non au monde des images mais à celui de la perception. » Muriel Caron in Mouvement n°8

Œuvre appartenant à une collection privée et au Cal Arts (Los Angeles).

« A film sparkling with diamond-like fragments of Italy. A film of passion – passion for places (the landmarks of Rome) passion for the masterworks of experimental film (the evocation of Kenneth Anger’s Eaux d’Artifices through images of the same Tivoli garden fountain), and above all, passion for color (the warmth of roman stone, the deep green of summer vegetation, the rich reds and yellows of the 16mm emulsion itself). After the cerebral rigor of more formal work, a joyous cry from the heart. » Scott Hammen

 

Film belonging to a private collection and to Cal Arts (Los Angeles).

Très rare film…

Il s’agit du premier journal filmé que j’ai fait.

My first diary film. Mix technique from pixillation to long shots, a tribute to the filmmaker I discovered at that time and specially the diarist trend which seemed to offer new areas to make film despite the predominance of structural film of the time.

Mis en pièces

A partir de 2 minutes 30 de film original en noir et blanc et en couleurs, on assiste à un travail sur la représentation scénique et sa déstabilisation. Ce travail est effectué selon différents traitements infligés aux séquences originales. Éclatement d’un premier tableau en fonction d’un parti pris rythmique. Dérégler un dispositif, pour voir… A l’ombre de la scène, la chaise.

Mis en pièces means in French taking into pieces, but it could mean to set up a play, or to deconstruct a play. The film is about a theater play which is shot against the medium theater. This film is an attempt to destroy the representation of the perspectivist point of view. Disorganizing a process to see…

 

Homovie

homomovie

Piège pour le voyeur, son attente est à chaque fois déjouée, déçue et pourtant toujours il espère…

A kind of diary in two parts. The first part with a boy shaving himself from head to toe, while the second part portrays two boys in drag sort of, having some fun.

R

Fr, En, Pt
R

R is a very simple film, flickering and panning which in its silence induces a fugue of rhythms. The center part of the film is a transcription of one of J.S. Bach ’sInvention.

« L’inspiration musicale derrière ce film est double : le film est non seulement bâti à partir d’une partition préalablement écrite, mais il se trouve que cette dernière est directement inspirée de la partition musicale d’un passage de Bach. Ce passage a été déterminant en ce qui concerne l’ordre et la durée des images du film. Si ces images ne sont pas tout à fait arbitraires (en effet, il s’agit d’un champ devant une maison du dix-huitième siècle où un orchestre jouait un air de Bach), elles sont tout au moins complètement subordonnées à la partition : elles “jouent” la composition du cinéaste. Cette composition est bâtie sur 36 angles différents d’un panoramique de 180° du champ et de la maison. La caméra balaie ce panoramique, avançant et reculant aux rythmes variés et en durées variées, selon la partition. R est donc une reconstruction, l’orchestration du paysage, du réel, ce qui privilégie la vision et la volonté de l’artiste aussi bien que l’aspect purement plastique du cinéma.» Deke Dusinberre

Dans l’un de mes premiers films : R (1975), j’ai voulu appliqué à un panoramique de 180° une organisation des prises image par image selon la transcription partielle d’une invention à deux voix de J. S. Bach. Il n’était pas question de reproduire, ni de donner à voir, et encore moins à entendre l’invention de Bach mais, de se servir d’une transcription arbitraire qui assignait à chaque note un angle de prise de vue du panoramique (tous les 5°) et me permettait ainsi, de jouer d’un clavier à raison d’un photogramme par note. Il s’agissait de constituer indépendamment de la valeur de chaque note un système d’équivalence à partir duquel j’organisais les prises (notes / photogrammes) dans un paysage : un jardin à l’abandon devant un logis du XVIII siècle. Je jouais ainsi de ma caméra comme d’un clavier et commençais à parcourir le paysage selon des suites de déconstructions savantes qui illustraient parfois des lignes de développement de formes musicales. On pourrait parler de visualisation d’une polyphonie qui cependant joue avec la sérialisation des photogrammes et inscrit ainsi la musique comme paradigme cinématographique. Déconstruction car le paysage se reconstitue selon des faux panoramiques simples ou complexes selon les formes auxquels je recourais. L’application de canons ou de fugues permettait de mettre en place des voix distinctes en faisant se croiser des mouvements sur le jardin. A la projection, ces mouvements se dissolvaient, sans pour autant se décomposer en une suite effréné de plans compressés.

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« …these images are not totally arbitrary (in fact, we see a field in front of an 18th century house where an orchestra played an aire of Bach), they are totally dependent on the score: they play the filmmaker’s score… So R is a reconstruction, an orchestration of a landscape, of the real, which privileges the vision and the will of the artist as well as the specifically « plastique » aspect of cinema. » Deke Dusinberre Musique Film A986

R é um filme muito simples, piscando e flicando e que em seu silencio induz a uma fuga de ritmos. A parte central do filme é uma transcrição de uma invenção de J.S. Bach.

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Miles

Il s’agit avant tout d’un portrait de Miles McKane. Faire le portrait, tirer le portrait sont des modes de perpétuation/appropriation de l’image d’une personne. Un portrait cinématographique échapperait-il à cette règle ?

This film is a portrait of Miles McKane. How to capture an image, how to convey feelings. From privacy to public, what is gained, what is lost ?

Image of a present, given as a distant time.

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Éliclipse

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ÉLICLIPSE multiplie les points de vue sur Paris en recourant à un support de communication banale: la carte postale. 154 cartes postales ont été coupées en bandes verticales et mélangées deux à deux. Le mélange des cartes s’est fait selon divers critères parmi lesquels on peut distinguer les critères: politiques, plastiques, historiques, humoristiques, etc. Une fois les objets définis, le film joue une improvisation plus ou moins préparée.

Œuvre appartenant au Forum des Images (Vidéothèque de Paris) et au Museum of Modern Art (New York).

Eliclipse 4« In two films by yann beauvais, the issues of architectonic representation and monumentality are dealt with directly. The cut-up postcard and photograph serve as material through which beauvais constructs a recomposition of architectonic space in his films, Eliclipse and Sans Titre (1984). In Eliclipse, postcard images of Parisian landmarks are cut into vertical bands; every other stripe of the image is replaced with a corresponding stripe from another postcard image, resulting in the blend of the figuration of the two images. Intriguingly, this manual collage procedure could be done in video by mixing two images signals with a square wave matrix. The artisanal cut and paste of the actual postcard rather than an electronic interspersion of two signal-based images is, however, a choice which is distinguishes two distinct phases of production, first, a physical cutting of the profilmic object, to be followed by the montage of the film. The bifurcation and intermittancy of images that results is not simply analogous to the video process. It rather insists on the plastic materiality of cutting and montage. The edited film then moves us from one blended combination to another, sites which exist only as the conflation of two referential sites, views simultaneously doubled and bifurcated. Within the ellipsis performed upon the pictorial unity, the insertion of another image which is at once different and similar leads to a consideration of these monumental views as symbolic sites. No longer granted their integral monumental unity, they yield something of their symbolic power as souvenir image. »
Maureen Turim in The Displacement of Architecture, Avant-Garde Films in Cinema & Architecture, Iris n° 12 Méridiens Klincksieck, Paris 1991

Film belonging to the Forum des Images (Vidéothèque de Paris) and to the Museum of Modern Art (New York).

 

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