Ce film fait se côtoyer plusieurs discours vis-à-vis du VIH / sida. D’un côté des textes écrits en anglais et en français (qui traduit quoi) apparaissent à l’écran à des vitesses variables et selon plusieurs modalités rythmiques, de l’autre côté sur la bande-son : des voix d’hommes. Les discours et les expériences du sida se croisent et font surgir par la fragmentation des modes d’énoncés qui articulent le politique au subjectif selon des modalités visuelles particulières.
Le sida n’a pas disparu avec la trithérapie. On le banalise pour mieux l’occulter. Ce film inscrit aux travers de confrontations, des ruptures dans notre appréhension du VIH et du sida.
Engagement d’un individu face à une civilisation qui promeut la disparition comme mode de vie. Il s’agit d’affirmer une altérité dans cette belle homogénéité aseptisée. SonActus Tragicus de Jean Sébastien Bach, Blue de Derek Jarman, David Wojnarowicz et Ben Neil, yann beauvais.
« Dès les premières secondes du film, le ton est donné : l’association d’un texte incisif à une musique baroque douce et légère crée une atmosphère incertaine, instable. Au regard du thème, cette musique résonne de façon indécidable (du moins en ce qui me concerne) entre commentaire ironique de la situation (goût du décalage), mélancolie et expression métonymique d’une volonté, d’une présence. C’est tout cela à la fois : aiguiser une critique sans oublier les autres et tout en affirmant une existence. Déjà le titre, Still Life, « toujours en vie » suppose une douleur, celle éprouvée face à l’hécatombe parmi les malades, un trouble (« pourquoi pas moi ? »), mais aussi une résistance (à l’exclusion, à la fatalité) : toujours là. Enfin ce terme est aussi l’équivalent anglais de « nature morte »… Le rapport complexe à cette œuvre alliant décalage (déconstruction) et proposition (construction) se résout dans une autre logique qui nous fait ressentir notre propre difficulté à concevoir la pluralité, l’intérieur et l’extérieur, le privé et le public… La « déstabilisation » du spectateur, par cette combinaison intense de sensations et de significations, est une juste manifestation au regard du drame multidimensionnel abordé. Le seul moyen d’affronter la somme d’informations transmises, c’est l’énergie qui traverse le film. Et celui-ci, alors vigoureux appel à vigilance, notamment à l’égard des médiatisations de la maladie, évite une attitude mortifère. Le passage entre personnel et politique, mené comme un besoin profond, renouvelle (réveille) fortement notre idée de la maladie, en la resituant dans une vision panoramique. Et donc au-delà du sida – ce n’est pas un film sur le sida -, c’est la défense globale d’une conscience alerte et ouverte qui est signifiée. Partant de ce qui l’a touché, le cinéaste révèle l’ampleur d’une barbarie, mais sans se complaire dans un rôle de dénonciateur, car lui-même s’expose et il tente aussi de revivifier par l’expression de la pluralité. » Denis Chevalier
Œuvre appartenant aux Archiv der Internationalen Kurzfilmtage (Oberhausen) et à la Médiathèque de l’École nationale Supérieure des Beaux-Arts (Paris).
voir le film en ligne http://www.ubu.com/film/beauvais_still.html
Sur la question du sida, voir Act Up
This film considers the subject of HIV and AIDS from a variety of different view points. On the one hand using textual material in both English and French which appears on screen at different speeds and rhythms, and on the other, articulated by the appearance of human voice on the sound track.
Both the observations and experiences concerning AIDS overlap with one another and emerge in fragmentary form, whereby the policies persued regarding this subject are represented through the application of specific visual modalities.
AIDS hasn’t disappear as a new result of tritherapy : AIDS is being trivialized to make it easier to conceal. By employing constant confrontation as a technique, this films manages to build bridges regarding our attitudes toward HIV and AIDS.
It is a story of a person confronted with a civilization which promotes deaths as a way of life: and its attempts to confirm that something else exist beyond this wonderful antiseptic-homogenous society in which we live.
« I did manage to see at last Still Life which was fast so fast and impelled by furious energy of the right now and urgency of this debate which is no debate at all perhaps about aids and dying and invisibility and the strong words flowing like rain like bodies like sores between rainbow flags of a pride nation which is dwindling not shrinking away but slowly erased in the face of this unending plague which has not slowed at all in most of the world because the lives there are cheap and medicine and technology are expensive, much more expensive than humans. Wonderful outrage and anger, it’s funny, as I watched it I felt: I miss this, this wonderful anger, and wanted to thank you for giving it back to me, for this gift. » Mike Hoolboom 10 25 01
Film belonging to the Archiv der Internationalen Kurzfilmtage (Oberhausen) and to the Médiathèque de l’École nationale Supérieure des Beaux-Arts (Paris)
Este filme considera o tema da AIDS e do HIV a partir de uma variedade de vista diferentes. Por um lado, usando material em inglês, francês, que aparece na tela em diferentes velocidades e ritmos, e por outro lado, articulado pelo aparecimento da voz humana na trilha sonora. Tanto as observações e experiências sobre AIDS se sobrepõem umas com as outras e emergem de forma fragmentária, em que as políticas prosseguidas a respeito desde assunto são representadas através da aplicação de modalidades visuais especificas. A AIDS não desapareceu como resultado da triterapia: a AIDS está sendo banalizada para torná-la mais fácil de se esconder.
Watch the film on line :http://www.ubu.com/film/beauvais_still.html
about aids http://www.actupny.org/ , https://www.visualaids.org/